Jeannette Laot

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Jeannette Laot
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Jeannette Laot en mars 2014.
Nom de naissance Jeanne Marie Laot
Naissance (99 ans)
Landerneau, France
Nationalité Française
Profession
Ouvrière Syndicaliste
Distinctions
Chevalier de la Légion d’Honneur

Jeannette Laot, née le à Landerneau (Finistère), est une syndicaliste et féministe française.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeannette Laot est la fille de parents bouchers de Landerneau. Elle a trois frères et sœurs. Elle fréquente une école catholique et obtient son certificat d’études en 1938[1]. Après le décès de son père en 1938, elle aide sa mère dans le commerce familial et travaille avec une cousine modiste à la confection de chapeaux sous l’Occupation[1].

Après la Seconde Guerre mondiale, ses activités professionnelles étant compromises, elle est embauchée comme ouvrière à la manufacture des tabacs de Morlaix en 1948 en tant que pupille de la nation[1]. Elle travaille à l’écotage des feuilles de tabac, puis à la confection de cigares[1]. Après avoir dans un premier temps adhéré à Force ouvrière (FO), mais déçue, elle fonde en 1948 une section syndicale de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) avec l’aide de responsables CFTC rencontrés à l’Action catholique ouvrière[2].

En 1954, Jeannette Laot monte à Paris et prend des responsabilités nationales à la Fédération de la Société d'exploitation industrielle des tabacs et des allumettes (SEITA)[1]. Active au sein de la minorité CFTC, elle participe à la déconfessionnalisation du syndicat (la CFTC à la CFDT). En 1970, elle rentre à la commission exécutive de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) dans le sillage d’Edmond Maire. Elle a la charge du cadre de vie puis de l'action revendicative tout en étant responsable de la commission féminine confédérale[1].

Catholique pratiquante, Jeannette Laot est l’une des premières femmes, en France à avoir impliqué son organisation syndicale dans le mouvement féministe dans les années 1960 et 1970.

La CFDT, qui effectue son tournant laïc au début des années 1970, commence également à prendre en compte la sexualité et les thématiques féministes, notamment après la publication du Manifeste des 343 (5 avril 1971), Jeannette Laot impulsant le débat au sein de la centrale. Proche du Mouvement français pour le planning familial (MFPF), elle s’engage dans la lutte pour le droit à la contraception et à l’avortement. Les syndicats de salariés s'impliquent alors de plus pour la contraception[3],[4].

Lors de la création du Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) en 1973, Jeannette Laot qui était vice-présidente de la CFDT en devient aussi vice-présidente aux côtés de Simone Iff, présidente de la section de Paris du MFPF et des militants du Groupe information santé comme Pierre Jouannet[5]. En 1973, Alphonse Pageaud, permanent de la CFDT-PTT et membre du Mouvement français pour le planning familial depuis 1966, date de l'avortement de sa femme, devient à son tour président du Planning familial à Paris[4].

Jeannette Laot conservera ces responsabilités jusqu’au 15 janvier 1975, à la veille de l’adoption de la loi Veil, qui autorise l’interruption volontaire de grossesse.

Au cours des années 1970, les rapports entre le Parti socialiste, le MFPF et la CFDT se renforcent, les militantes cédétistes engagées dans le combat pour les droits des femmes participent à l’élaboration d’un « féminisme socialiste » symbolisé avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981.

Jeannette Laot devient conseillère de François Mitterrand[1], et suit pour lui les travaux du ministère du travail et du ministère du Droit de femmes (1981-1986). En 1986, elle est nommée inspectrice générale des Postes, télégrammes et téléphones, et le reste jusqu’à son départ à la retraite en 1990[1],[6].

Jeannette Laot vit aujourd’hui à Strasbourg auprès de sa fille et de ses deux petits enfants. Elle est chevalier de la Légion d’honneur.

Fonctions syndicales[modifier | modifier le code]

  • membre du conseil de l’union locale CFTC de Morlaix et de l’union départementale CFTC du Finistère (1950-1954)
  • secrétaire générale de la Fédération nationale de la SEITA CFTC (1954-1967)
  • membre du Conseil confédéral de la CFTC (1963-1967)
  • membre de la Commission féminine confédérale de CFTC (1961-1970)
  • membre du comité de rédaction de la revue Projet (1970-1974)
  • membre de la Commission exécutive de la CFDT (1970-1981)
  • responsable du secrétariat « travailleuses » (1970-1981)
  • vice-présidente du MLAC (1973-1975)[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h Christine Bard (direction), Pascale Le Brouster, Centre d'histoire de Sciences po, Archives du féminisme et Centre de recherches historiques de l'Ouest, Les féministes de la deuxième vague, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Archives du féminisme », , 261 p. (ISBN 978-2-7535-1808-7), « Une syndicaliste-féministe : le parcours de Jeannette Laot à la CFDT (1961-1981) », p. 109-119
  2. Michelle Kespi-Backmann, « Les femmes ont toujours les prolétaires de l’homme… même dans les syndicats. Entretien avec Jeannette Laot, L’Unité, 11 mars 1977.
  3. Parcours-de-Jeannette-Laot
  4. a et b Pascale Le Brouster, « Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social », Le Maitron, tome 8. Éditions de l’Atelier, 2012.
  5. "Entretien avec Pierre Jouannet" paru dans Lundi matin (revue) le 7 janvier 2019 [1]
  6. Arrêté du 15 janvier 1990 portant admission à la retraite (inspection générale)
  7. « Jeannette (LAOT Jeanne-Marie, dite) », dans le Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social, Le Maitron/Éditions de l’Atelier.

Publications[modifier | modifier le code]

  • « Stratégie pour les femmes », Éditions Stock, 1977.
  • « La parité. Enjeux et mise en œuvre », ouvrage collectif sous la direction de Jacqueline Martin, décembre 1998.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Vidéogramme[modifier | modifier le code]